Quelques messages et lettres officiels relatifs à la guerre déclenchée le 01.10.1990 contre le Rwanda.
MOTION DE SOUTIEN AU GOUVERNEMENT RWANDAIS ADRESSEE A L'OPINION PUBLIQUE.
Suite à l'agression armée dont notre Pays fait l'objet depuis le premier octobre 1990 de la part d'éléments venus de l'Uganda,
Nous les signataires de cette motion (enseignants, chercheurs, médecins, personnel administratif de l'université Nationale du Rwanda (UNR)),
Conscients du danger que court notre Patrie suite aux manoeuvres de subversion et de désinformation des ennemis du Rwanda,
Décidés à lutter par tous les moyens pour que notre Pays continue à prospérer dans la paix et l'unité nationale,
adressons cette motion à l'opinion publique tant nationale qu'internationale, afin de l'informer sur les intentions malsaines
cachées de cet ennemi assez connu.
Tout d'abord, les principaux griefs formulés par l'ennemi à l'encontre du Gouvernement rwandais sont: absence de développement
du pays, aucun souci de résoudre le problème des réfugiés, absence de démocratie, violation des droits de l'homme.
Ces accusations ne sont qu'une manoeuvre de digression contraire à la réalité. En effet, malgré les difficultés dues à
l'enclavement, à la démographie galopante, à la rarification des terres et à la conjocture internationale, le progrès accompli
par notre Pays après trente ans d'indépendance dans les domaines politique, économique et socio-culturel sont indispensables.
D'énormes efforts ont été consentis tant par les responsables politiques et administratifs que par la population visant à relever
le niveau de vie de la nation: Projets de développement rural, Associations coopératives, infrastructures économiques et
socio-culturelles de toutes sortes. Les rapports techniques sur le développement socio-économique et culturel du Pays sont là
pour le prouver.
Concernant les réfugiés rwandais, la vérité est que dès les premières heures de la Révolution socio-politique et culturelle
de novembre 1959, les responsables de la Jeune République n'ont cessé d'inviter les réfugiés qui le désirent à revenir au Rwanda
dans le respect des lois et du droit international. Bien plus, depuis l'avènement de la IIème République, des solutions concrètes
au problème des réfugiés ont été proposées et des mésures administratives visant à faciliter leur retour ont été mises en place.
Et même une Commission ad hoc et dont fait partie le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) a été créée et
existe de nos jours.
C'est cependant à ces invitations, que certains réfugiés ont pu regagner le Rwanda et n'ont jamais été inquiétés. D'autres par
contre, n'ont pas voulu écouter ces appels. Pourquoi?
En ce qui concerne la Démocratie du Rwanda, il n'est pas à démontrer que, depuis l'abolition de la monarchie en 1959, c'est
le peuple lui-même qui, en toute liberté, choisit ses dirigeants à tous les échelons. Il faut également noter qu'une Commission
Nationale de Synthèse sur le Multipartisme fonctionne dans notre Pays.
Dans le domaine des Droits de l'homme, toute infraction dans un Etat de droit comme le Rwanda est soumise aux instances
habilitées. Ajoutons que les visites, sur le terrain, d'Amnesty International, du Comité International de la Croix-Rouge, ainsi
que d'autres organisations humanitaires sont autorisées et se font régulièrement.
Et si les griefs avancés par l'ennemi sont dénués de tout fondement, il se pose dès lors la question de savoir pourquoi il
fait semblant d'ignorer toutes ces réalités. Quelle est la nature de l'agresseur et quelles sont ses véritables intensions?
A la tête de l'ennemi se trouvent des féodo-monarchistes qui, par duperie, parviennent à tromper et à s'allier quelques
individus dont le sort leur réservé est tout à fait incertain.
Le véritable objectif poursuivi par l'ennemi de la paix au Rwanda est clair: prendre le pouvoir par la force et effacer l'Histoire
de notre Pays, la révolution socio-politique et culturelle de 1959 et la révolution morale de 1973 afin de réasservir le peuple en
restaurant un régime féodal rétrograde tel qu'il a existé avant la révolution de 1959. Toute autre idée avancée par l'ennemi n'est
que prétexte et manoeuvre de digression destinés à camoufler sa principale intention.
La preuve en est que c'est justement au moment où le Rwanda, de concert avec le HCR et les pays d'accueil des réfugiés dont l'Uganda,
allait finaliser le dossier des réfugiés que ces derniers ont attaqué notre Pays. Ils ont aussi violé les conventions internationales
sur les réfugiés.
Au lieu de présenter un programme politique et économique à discuter avec ceux qu'ils appellent encore les compatriotes, les
agresseurs terroristes ont préparé une attaque barbare et sauvage contre le pays qu'ils veulent encore appeler le leur, préferant
ainsi le langage anachronique de la baionnette au langage constructif, intellectuel et démocratique du dialogue. D'autre part, il
importe de mentionner ici que bon nombre de ces agresseurs sont membres de l'armée régulière ugandaise. .
Un réfugié peut-il faire partie d'une armée étrangère jusqu'à compter parmi les officiers supérieurs?
Un membre d'une armée d'un pays donné peut-il se réclamer de la nationalité d'un autre pays?
L'opinion publique devrait donc comprendre que le conflit actuel n'est nullement une guerre civile mais bel et bien une agression
orchestrée par des éléments d'une armée étrangère.
Une toute autre question est de comprendre pourquoi certains, prétendant défendre les droits de l'homme mieux que le Rwanda,
s'attendrissent sur l'agresseur et ses complices et non sur l'agressé comme si le Rwanda n'avait pas le droit à la souveraineté et
à l'inviolabilité de son territoire. Ne serait-ce pas là le résultat d'une intoxication par l'ennemi, comme il a l'habitude
d'induire les autres en erreur pour son propre profit?
Nous constatons par ailleurs que l'ennemi , par le truchement des mass-media, s'emploie actuellement à détourner l'attention du
Gouvernement Rwandais de la lutte armée contre les agresseurs vers des problèmes tout à fait secondaires tels que la libération de
leurs complices appréhendés, les conditions de détention des prisoniers de guerre, etc..
Il est absolument nécessaire de rappeler que le pays est en guerre et que, dans ces conditions, tout suspect est arrêté par mesure
de sécurité, que tout complice est traité comme l'ennemi lui-même et que la prison n'est pas un hôtel. Il appartient seulement àla
justice rwandaise de déterminer l'innocence ou la culpabilité des détenus selon les lois en vigueur. La pression exercée sur elle
pour relacher hâtivement des suspects risque de renforcer le potentiel de combat de l'ennemi et de provoquer une guerre civile à
l'intérieur du pays. La priorité consiste tout d'abord à assurer l'intégrité du territoire national et à refouler l'agresseur hors
de nos frontières.
Pour notre part, Nous signataires de cette motion, nous nous engageons à poursuivre et àapprofondir les réflexions sur les
problèmes posés, et déclarons notre soutien indéfectible au Gouvernement Rwandais ainsi qu'à notre Armée dirigée par son Excellence
le Général-Major HABYARIMANA Juvénal. Nous invitons tous nos compatriotes vigilants et qui aiment véritablement notre Patrie,
à défendre les acquis inestimables de la révolution socio-politique de 1959 et de la révolution morale de 1973.
Fait à Butare, le 19 octobre 1990
(Texte recueilli par le service INFORDOC du Minaffet)