Quelques messages et lettres officiels relatifs à la guerre déclenchée le 01.10.1990 contre le Rwanda.
DECLARATION DU MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES ET DE LA COOPERATION INTERNATIONALE A L'OCCASION DE LA
REUNION AVEC LES CHEFS DE MISSIONS DIPLOMATIQUES ET CONSULAIRES ACCREDITES A KIGALI
Dans la matinée du 1er octobre 1990, le Rwanda a fait l'objet d'une agression extérieure par des assaillants comprenant des
refugiés rwandais membres de l'armée ugandaise qui se sont ralliés des éléments ugandais membres de cette armée. Ces agresseurs
sont venus équipés d'armements lourds et sophistiqués comprenant entre autres des véhicules blindés, des auto-mitrailleuses,
des mortiers et des canons sans recul. Ces agresseurs ont attaqué par Kagitumba, dans la région du Mutara, au Nord-Est du pays,
où ils ont commencé à détruire des infrastructures économiques et assassiner des civils innocents.
Ces agresseurs dont le nombre est actuellement estimé à 10.000 personnes - chiffre qui pourrait doubler ou tripler si les
recrutements à partir de l'armée ugandaise se poursuivent et des informations à ce sujet sont abondantes - sont dirigés par
le Général-Major Fred RWIGEMA, l'une des personalités les plus gradées de l'armée ugandandaise et leader de l'organisation
Rwandese Patriotic Front (RPF) - INKOTANYI.
Cette organisation terroriste n'a d'autre visée que l'instauration d'un régime minoritaire, incarnant un féodalisme à
visage moderne. Le peuple rwandais n'acceptera pas une marche arrière de l'histoire ramenant les forces vives de la nation
aux corvées et à l'asservissement féodal.
C'est pourquoi il est résolu à défendre courageusement les acquis de la révolution sociale de 1959 et ceux de la IIème
République dont particulièrement l'Unité et la Paix. La presse internationale a été inondée par la propagande du mouvement
des agresseurs qui prétendent lutter pour ramener la démocratie et la justice sociale au Rwanda.
Cette campagne médiatique du mouvement INKOTANYI ne doit tromper personne puisque l'abondante littérature qu'il a rendu public
est bien claire et explicite sur les buts poursuivis. Et s'il n'était que question d'asseoir la démocratie et la justice sociale
au Rwanda, tout observateur avisé connaît les mérites de la ème République en la matière et est conscient de l'ouverture récemment
faite par le Chef de l'Etat vers la mise en place d'un plurarisme politique qui s'exprimera essentiel-lement par voie du
MULTIPARTISME. Ainsi donc, la Communauté Internationale doit comprendre qu'il ne s'agit pas d'un conflit interne mais plutôt
d'une agression extérieure menée par des forces à plusieurs visages.
Il est vrai qu'après cette attaque, le Gouvernement Rwandais n'a pas tardé de remarquer qu'il y avait des complices à l'intérieur
du pays. C'est ce qui explique les arrestations de certaines personnes dans le pays, supconnées d'être soit des terroristes, soit
des complices de ces terroristes. Les services compétents sont en train d'établir la part de la responsabilité de chaque personne
arrêtée de manière à prendre les mésures indiquées et dans le strict respect de nos lois.
Pour ce qui est de la situation qui règne dans le pays aujourd'hui, je me dois de vous informer qu'un calme règne sur la très
grande partie du territoire, la capitale Kigali incluse. Des combats se poursuivent au Mutara et pour l'instant l'ennemi semble
perdre la pédale.
Le Gouvernement Rwandais a été informé de la volonté du Gouverne-ment ugandais de mettre fin à toute infiltration au Rwanda
des maquisards provenant de son propre territoire. Il souhaite qu'il y ait une véritable matérialisation de cette promesse de
manière à ce que les recrutements de nouveaux assaillants à partir de l'armée ugandaise ainsi que leur infiltration vers notre
pays prennent immédiatement fin.
Je saisis cette occasion pour informer ceux des réfugiés qui intoxiquent l'opinion internationale en disant que le Gouvernement
Rwanda a depuis belles lurettes décidé d'ignorer le problème des réfugiés, que les responsables politico-administratifs rwandais
placent cette question au centre de leurs préoccupations. Ceci est d'autant plus vrai que les concertations rwando-ugandaises à
ce sujet étaient à la veille de déboucher sur des solutions politiques réalistes et durables. Nous remercions vivement le Haut
Commissaire des Nations Unies pour les Réfugiés pour le rôle important qu'il joue à cet effet. Le Gouvernement Rwandais reste
convaincu qu'aucune violence , aucune agression, voies condamnées par ailleurs par la Convention des Nations Unies sur les
Réfugiés de 1951 et son Protocole de 1967 ainsi que la Convention de l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA) de 1969, ne
peuvent permettre de trouver une solution heureuse et durable à la question.
Qu'il me soit permis à cette occasion de remercier les pays amis qui nous ont appuyés et continuent de le faire dans ces
moments particulièrement difficiles. Je ne doute pas que ceux qui n'ont pas encore posé un geste de soutien matériel sont
également à nos côtés du moins sur les plans moral et politique. Nous savons donc gré aux pays amis pour ces témoignages
éloquants d'une amitié profonde et d'une solidarité agissante.
Dans des moments ausse dramatiques que ceux-ci, la capacité d'un pays aux ressources fort limitées de subvenir à ses
besoins vitaux s'effondre très rapidement. Ainsi, je vous demanderais de ne pas perdre de vue la variété des aides dont
notre pays a besoin, l'aide alimentaire et l'aide en médicaments.
Cette heureuse occasion me permet de demander aux pays amis, aux organismes internationaux et à la Communauté Internationale
de condamner énergiquement cette agression qui n'a d'autre but que l'installation d'un Gouvernement minoritaire et d'un régime
féodal sous le voile de slogans libérateurs et démocratiques.
L'Organisation des Nations Unies et l'Organisation de l'Unité Africaine sont invitées à leur tour à ne rien ménager
pour condamner cette agression barbare, à suivre de près l'évolution de la situation et à veiller à ce que l'intégrité
territoriale et la coexistence pacifique telles qu'incarnées dans les Chartes de ces deux Organisa-tions soient sauvegardées.
Je terminerais mon propos en réitérant l'appel lancé par le Chef de l'Etat rwandais lors de son adresse à la nation
le 05 octobre 1990 pour demander que le peuple rwandais garde la cohésion nationale et coopère avec les autorités civiles et
militaires pour traquer l'ennemi.Je terminerais mon propos en réitérant l'appel lancé par le Chef de l'Etat rwandais lors de
son adresse à la nation le 05 octobre 1990 pour demander que le peuple rwandais garde la cohésion nationale et coopère avec
les autorités civiles et militaires pour traquer l'ennemi.
Ministère des Affaires Etrangères et
de la Coopération Internationale
B.P. 179 Kigali