Quelques messages et lettres officiels relatifs à la guerre déclenchée le 01.10.1990 contre le Rwanda.
MESSAGE A LA NATION DU CHEF DE L'ETAT LE 05 OCTOBRE 1990 A LA SUITE DE L'ATTAQUE PERPETREE CONTRE LE RWANDA (01 OCTOBRE 1990).
Rwandaises, Rwandais Amis du Rwanda!
Notre Pays, vous le savez, vient de faire l'objet d'une attaque soigneusement préparée de la part de factions armées de
certains groupements de réfugiés et dont la grande majorité est membre de la NRA, l'armée de libération ougandaise. Dès que
la nouvelle de cette agression inqualifiable me fût parvenue, j'ai décidé d'interrompre immédiatement mes visites de travail
aux Etats-Unis et au Canada et de rejoindre Kigali aussi rapidement que les circonstances me le permettaient.
Plusieurs milliers d'assaillants, échappés de l'armée ougandaise, ayant emporté avec eux force munitions, matériels et
équipements de guerre, ont attqué notre pays. Les combats, parfois très violents ont eu lieu principalement dans la région du
MUTARA. La tactique de l'agresseur a été, une fois qu'il s'est rendu compte de la farouche résistance des forces armées rwandaises,
le premier monment de surprise passé, une fois donc que l'agresseur s'est rendu compte de la riposte meurtrière que celles-ci
étaient en train de lui infliger, la tactique de l'agres-seur a été de disperser pour s'infiltrer, en petits, parfois tout
petits groupes dans le pays, soit pour essayer d'échapper au sort inévitable qui l'attend, soit pour essayer de jeter le trouble
et le désarroi dans l'esprit de la population.
Mais nous nous sommes vite rendu compte aussi qu'avant même cette attaque concertée, des maquisards de ces mêmes troupes
s'étaient déjà infiltrés dans notre pays et surtout à Kigali.
Ces maquisards ne sont pas nombreux. Néamoins, ils peuvent créer le trouble si nous ne sommes pas vigilants. C'est ainsi que
les quelques affrontements que les habitants de Kigali ont entendu les bruits caractéristiques cette nuit ont eu lieu.
N.B. Il s'agit de la nuit du 04 au 05 octobre 1990.
Ces affrontements ont permis et permettent encore d'annihiler ces assaillants.
C'est devant cette menace que l'Etat Major de l'armée a décidé d'avancer le couvre-feu à partir d'hier soir à 19 H 00 et
d'interdire tout attroupement de plus de deux personnes. C'est donc essentiellement pour protéger notre population, toute la
population habitant le Rwanda. C'est pour lui assurer la plus grande sécurité possibles que ces mésures ont été prises. Elles
sont encore renforcées depuis ce matin puisque ces maquisards, habillés de nouveau en civil, tentent de s'infiltrer dans la
population de la capitale.
Militantes et Militants, Amis du Rwanda!
Cette attaque a été préparée de longue haleine. Plusieurs indices le laissaient prévoir. Nous avions cependant toujours eu
espoir que la raison prévaudra et que ces hors-la-loi, ces aventuriers de mauvais aloi comprendraient que la voie armée est la
plus mauvaise voie possible pour régler un problème quel qu'il soit. Nous ne pouvons que déplorer cette excitation fanatique
de ces aventuriers qui ont fait le plus grand tort à la cause de nos réfugiés. En se démasquant ainsi, en se lancant dans la
voie qui ne peut que mal finir, ils ont jeté le discrédit total sur leurs intentions réelles.
Militantes et Militants!
Cela me fait très mal de constater que ces rebelles ont espéré jouir de complicité à l'intérieur de notre pays. Quelle que
soit la raison qui pousse certains Rwandais à provoquer dans leur propre pays le sang et le désordre, cette trahison, Militantes
et Militants, cette trahison dépasse notre entendement.
Bien entendu, il ne s'agit que d'une infime fraction d'individus. De toute évidence induits en erreur, on ne sait comment.
Mais nous nous devons de suivre toutes les pistes afin de vérifier la situation.
Voilà pourquoi, interpellations et interrogatoires éventuels ne signifient nullement responsabilité démontrée.
Rwandaises et Rwandais!
Rien ne serait plus injuste, rien ne serait plus déletère pour notre pays que si certains d'entre nous étaient tentés de
confondre les choses. Il ne peut absolument être question de vouloir considérer nos frères et sœurs, quelle que soit leur ethnie
ou leur région, comme responsables de ce qui nous est arrivé, absolument pas. La maturité politique, l'humanité foncière du peuple
rwandais sont les meilleurs garants pour que nous continuions l'entente et la paix que nous avons connues depuis longtemps déjà,
et que personne ni rien ne pourra ni ne voudra mettre en péril.
Rwandaises, Rwandais et chers Amis du Rwanda!
Dans notre lutte pour la sauvegarde de la dignité de notre pays, nous avons l'appui efficace de plusieurs de nos pays amis.
Je suis très heureux de ces appuis. Comme tout le monde le sait, nous avons toujours préféré investir nos ressources, si limitées,
dans le développement de notre pays et de dépenser que le strict minimum pour assurer l'essentiel en matière de défense nationale.
Rwandaises, Rwandais et Amis du Rwanda!
Le Rwanda passe certes par un moment grave de son histoire. Le pire cependant est passé, mais les combats continuent. Je suis
confiant que sous peu, grâce à la collaboration active de notre population, nous aurons pu demasquer tous les éléments infiltrés
ces derniers temps dans notre pays.
A la population rwandaise, je tiens à exprimer ma profonde gratitude à nous tous, pour l'exemplaire maîtrise dont elle a fait
preuve dans ces moments paeticulièrement douloureux.
Ma fierté va aussi aux Forces Armées Rwandaises. Tant leur courage et leur patiotisme forcent notre reconnaissance profonde.
Je souhaite que nous continuions, toutes et tous, à garder notre calme, notre sérénité, afin que nous puissions sauvegarder
les acquis de la paix et de développement de notre pays. Les forces armées et le gouvernement ont la situation sous contrôle,
mais nous devons rester vigilants.
Je voudrais aussi exprimer à la communauté expatriée vivant dans notre pays toute notre apréciation pour son courage en ces
temps difficiles qu'elle ne s'attendait certes pas de vivre chez nous au Rwanda. Je la prie de croire que nous faisons tout,
que nous avons déjà tout fait, pour assurer sa sécurité. Ce sera certainement le Gouvernement Rwandais lui-même qui l'avertirait
si elle courait le moindre risque. Que nous tous, suivions les instructions régulièrement communiquées par la Radio Rwandaise, ce
sera la plus sûre des attitudes.