Quand le refugié se sent condamné à une frustration perpétuelle, il est prêt à tout risquer pour recouvrir sa dignité d'homme. Les refugiés rwandais ont été chassés par le régime d'OBOTE II, se sont à nouveau refugiés, mais cette fois-ci dans leur propre pays qu'ils ont fui et les autorités rwandaises les ont traités de refugiés chez eux.

La crise actuelle du Rwanda semble être le résultat d'une combinaison de trois facteurs:

Confronté à cette situation, le gouvernement rwandais s'est enfermé dans une logique de répression et une recherche de solutions garantissant la survie du régime, sans procéder aux changements profonds indispensables du système. Face à ce blocage, un front élargi est constitué pour amener le régime actuel à accepter de procéder aux changements requis, si nécessaire par la lutte armée. Le Front Patriotique Rwandais - INKOTANYI est une organisation politique avec un programme précis qui est sous-tendu par une stratégie de lutte armée.

Le Front Patriotique Rwandais est un front élargi dis-je, qui accepte tous ceux qui aspirent aux changements dans la gestion politique et économique du Pays, aspirations qui constituent l'ossature de son programme dont les points essentiels sont :

Chaque rwandais a le droit inaliénable à la citoyenneté nationale, c'est dans cet esprit que le problème des réfugiés doit trouver une solution définitive. Par son décret-loi N° 8175, le Rwanda a adhéré au Pacte International des Droits Civils et Politiques des citoyens dont l'article 12 stipule que :

Ces principes sont repris par l'article 12.2 de la Convention Africaine des Droits de l''Homme à laquelle le Rwanda a également souscrit.

Le retour des refugiés sera facilité par l'application des modalités suivantes:

Les objectifs du FPR découlent les uns des autres; Le premier objectif est la démocratisation des institutions, celle-ci passe obligatoirement par le rétablissement de l'unité nationale; ce qui implique la disparition de toute politique ségrégationniste ou discriminatoire ainsi que le règ1ement définitif de la question des refugiés, la sécurité des biens et des personnes doit être garantie, il faudrait donc enlever au régime de Kigali ses moyens de violence.

Pour le FPR, la finalité de la lutte n'est pas une victoire militaire, mais l'aboutissement des objectifs de son programme politique qui va permettre de procéder aux changements profonds du système actuel. Par ailleurs, même si l'objectif immédiat est de résoudre les problèmes politiques auxquels le pays est confronté, la solution définitive à la crise actuelle se trouve dans la construction d'une économie dynamique, dans la gestion saine et la garantie de l'égalité de chances de tous les citoyens devant les services sociaux.

Les missions belges de tutelle d'hier ont, par leurs erreurs, beaucoup de responsabilité dans les événements actuels au Rwanda. Cependant, l'histoire est dynamique, à la lumière des événements du passé nous devons construire un monde meilleur pour les générations montantes, monde basé sur l'unité, l'égalité et la démocratie dans un Rwanda n'excluant pas tout regroupement régional. Qui ne verrait pas d'un bon œil un grand ensemble politique et économique regroupant les pays de la ZEP avec le Zaïre? Ou les pays formant actuellement la CEPGL et l'OBK auxquels se joindrait le Kenya?

L'un ou l'autre de ces ensembles, s'il était réalisé ce ne serait que répondre au plan de Lagos de 1980 au grand bénéfice de l'Afrique et même du monde.

La lutte du Front Patriotique Rwandais, pour instaurer une vraie démocratie au Rwanda, continuera jusqu'à la victoire finale. Celle-ci n'est d'ailleurs qu'une question de temps. Le peuple rwandais tout entier, commence à s'unir pour renverser le régime oppresseur, corrompu, sanguinaire, injuste et anti-démocratique de Kigali. Nous l'exhortons à continuer courageusement cette lutte pour un Rwanda ou tous les enfants du pays, égaux devant la loi, se sentent unis, libres et travaillent au progrès continu de la nation.

Fait à Ruhengeri, le 23 mai 1991

MAJOR THEONESTE LIZINDE

(Ironie de l'histoire: Ce Colonel fût assassiné au Kenya où il vivait en exil lorsque le glorifié FPR dévorait la rançon de la guerre. Son assassinat et celui de Mr. Seth Sendashonga sont imputés aux escadrons du FPR, qui les avait employés comme carte de visite.)