Quelques documents importants relatifs aux facettes du génocide rwandais.
S.O.S. POUR UNE COMMISSION INTERNATIONALE D'ENQUETE
SUR LES VIOLATIONS DES DROITS DE L'HOMME AU RWANDA
II n'y a plus de termes, de mots ou d'expressions utiliser pour faire comprendre au monde les malheurs du peuple rwandais. Après
20 ans de dictature militaire couronnée par les massacres d'avril-mai-juin 1994, l'opinion internationale croyait qu'avec la victoire
militaire du FPR (Front Patriotique Rwandais) les rescapés des massacres pouvaient respirer, regagner leurs biens et vivre désormais
en paix. Ce n'était qu'une illusion. Aujourd'hui, malgré les nuances de certains médias occidentaux, tout semble indiquer que le
nouveau régime ne diffère de l'ancien que par des méthodes de tuer. Plusieurs témoignages assez convergents et fiables affirment
qu'au Rwanda, les massacres continuent de façon moins systématique mais plus sélective et sévère. Dès lors, tous ceux qui ont
dénoncé les violations des Droits de l'Homme par je Régime Habyarimana, sont interpelés pour faire de même du Régime FPR. La vie
humaine est sacrée, quelle soit celle des Hutu, des Tutsi, des Twa ou autre, elle doit être protégée. Et tout individu, tout régime
ou tout système qui la menace doit être dénoncé sans ambages. C'est ce que fait la FRDH. Nous dénonçons sans parti pris et sans
complaisance toute personne et toute structure qui joue avec la vie humaine.
» S.O.S. Violations des droits de l'homme au Rwanda (FRDH)
En effet, au moment ou le Parlement Européen lance un appel aux Etats de l'Union Européenne pour qu'elle reconnaisse le nouveau
Gouvernement de Kigali, et au moment ou la Conférence internationale sur Rwanda, tenue dernièrement en Hollande, demande avec raison
au Conseil de sécurité de l'ONU de mettre en place un tribunal international pour juger les responsables des massacres, les nouvelles
autorités de Kigali ne se montrent pas préoccupées par les violations fragrantes et systématiques des Droits de l'Homme au Rwanda.
En effet, depuis le 6 avril 1994, les organisations de défense des droits de l'homme dignes de ce nom, les ONG et les médias qui
analysent objectivement la crise rwandaise, n'ont cessé de déplorer et de dénoncer non seulement les massacres perpétrés par une
partie des FAR (Forces Armées Rwandaises) et les miliciens mais aussi les massacres et les exécutions sommaires des populations
civiles perpétrés par les troupes du FPR. Aujourd'hui, la situation devient de plus en plus préoccupante, car plusieurs témoignages
concordants émanant de personnalités indépendantes, des journalistes, des coopérants, des membres des ONG en provenance du Rwanda
confirment les graves exactions commises par les soldats du FPR et l'incapacité du gouvernement en place d'assurer l'ordre public
et la sécurité des personnes et biens. Voici la succession chronologique des faits d'après les témoignages à notre disposition :
A. Violation du droit à la vie, à la liberté et la sureté de la personne
(Articles 3, 5 de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme)
31.05.94: Dans le PARISIEN du 31 mai 1994, sous l'article intitulé " Massacres de rwandais par le FFR au Sud-est de Kigali
", Christine (une rescapée des massacres du FPR) s'adresse à sa grande sœur, épouse d'un ancien coopérant au Rwanda :
" La cruauté du Front patriotique contre la population de notre Commune, Mugesera, a été hors du commun. Sur les 40.000 habitants
dans les camps de refugiés, si on était 500, c'était un maximum. "
Puis de raconter les méthodes d'extermination :
" Ils procèdent à l'arme blanche, en silence de colline en colline, comme ça les gens d'une colline à l'autre, ne savent pas ce qui
se passe. "
13.06.94 Dans un " Message de condoléances et d'espérance chrétiennes à l'adresse des chrétiens du Rwanda et cri au Monde " :
signée le 13/6/94 par l'Abbe Bernardin Twagiramungu et Mgr. Wenceslas Karibushi, au nom des prêtres du Diocèse de Kabgayi, nous
lisons:
" Des prêtres du Diocèse de Kabgayi qui ont pu se sauver à Mushishiro ont appris avec stupeur, la mort violente des trois Evêques :
leurs excellences Monseigneur Thaddée Nsengiyumva, évêque de Kabgayi et président de la conférence épiscopale du Rwanda; Monseigneur
Vincent Nsengiyumva, archevêque de Kigali et Monseigneur Joseph Ruzindana, évêque de Byumba. Plusieurs prêtres ont péri avec eux et
de la même horrible façon, tués par le FPR ".
29.05.94: Dans une note de la société des Missionnaires d'Afrique (Pères Blancs), les Pères missionnaires : le Père Guy
Theunis et Jef VIeugels témoignent :
" Aujourd'hui nous sommes attristés de devoir vous annoncer la mort d'un second de nos confrères, le Père Joaquin Valimajo, catalan
(de nationalité espagnole). D'après des informations venant de Kampala, il aurait été abattu Kageyo (près da Byumba) en zone FPR.
Du Diocèse da Byumba, nous apprenons qu'outre notre confrère Joaquin Valimajo, d'autres prêtres y ont été tués en zone contrôlée
par le FPR : l'abbé Alexis Havugimana emmené de Rwesero à Muhura, les abbés Athanase Nkundabanyanga (économe diocésain), Christian
Nkiriyehe, Joseph Hitimana, Ladislas Muhayemungu et un jeune ordonné : Fidèle (à Rwesero) tué à Rwesero je 21 mai. A ce jour donc
64 prêtres au minimum auraient été tués au Rwanda.
5.07.94: Dans le journal LA CROIIX de juin 94, un ethnologue français, le professeur Pierre Erny, avait prophétisé la
méthode de gouvernement du FPR :
" II est tout à fait illusoire de penser qu'après une victoire militaire, un gouvernement d'inspiration FPR pourrait gouverner
autrement que par la force la plus brutale. La Croix, juin 94.
25.07.94 Effectivement après la victoire militaire du FPR, la Mission des Nations Unies au Rwanda (MINUAR) na cessé de
recevoir des plaintes concernant " les nombreux cas de disparitions mystérieuses dans la capitale depuis que les soldats du Front
Patriotique rwandais (FPR) l'occupent, le 4 juillet dernier ". Libération, 25 juillet 94 p. 2.
Malheureusement, et c'est déplorable, " le Général Canadien Roméo Dallaire, Commandant de la MINUAR, a donné de strictes consignes
de silence à son contingent. Pas un mot sur les cas d'enlèvements, d'exécutions sommaires qui seraient à mettre sur le compte des
nouveaux maîtres du Rwanda. Plus grave encore sont les nombreux témoignages d'exécutions de Rwandais sans liens apparents avec les
massacres..). Tous, depuis que le FPR a pris la capitale Kigali, indiquent qu'il opère une chasse systématique aux anciens miliciens,
membres des partis MRND et CDR, anciens cadres du régime voire leurs proches. Et qu'ils sont exécutés sans aucune forme de procès,
alors que les nouvelles autorités assurent qu'un " nouveau système judiciaire équitable " serait seul compétent ".
Libération. 25.7.94 pp. 2-4
Pourtant l'article 11 de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme stipule que toute personne accusée d'un acte délictueux
est présumée innocente jusqu'à ce que sa culpabilité a été légalement établie au cours d'un procès public où toutes les garanties
nécessaires à sa défense lui auront été assurées.
Et pour préciser la méthode utilisée : "La méthode du FPR, discrète et efficace, a été surnommée par les organisations humanitaires,
qui l'avaient déjà relevée dans les camps de refugiés Screening, le 'Tri':'... Lorsque le FPR prend le contrôle de la ville, il en
boucle l'accès pendant plusieurs jours aux journalistes et aux observateurs militaires ". Exemple : De 12.000 personnes arrêtées le
7 juillet 94, La Croix Rouge na trouvé que 113 le 14/7/94.
Devant l'école Saint-André, le FPR a parqué 12.000 refugiés au lendemain da la prise de la capitale. ... La Croix-Rouge, dont
c'est le mandat, a exigé à trois reprises auprès du FPR de pouvoir rendre visite et recenser les prisonniers de guerre. Elle n'y a
eu accès que le 14 juillet dernier. " A ce jour, dit Sangsue, le CICR n'a recensé que 113 prisonniers de guerre en tous et pour tous
au Rwanda. Ce qu'il faut en penser ? A vous de juger. Libération, 25 juillet 94 p. 2 et 4
08.08.94: D'après le Figaro du 8 août 1994 p. 4. " Plusieurs refugiés… de retour au pays ont fait état d'exactions
commises par les soldais du FPR, II semblerait, a constaté récemment le colonel Patrice Satire, que des meurtres ou des exactions
visent plus particulièrement les fonctionnaires da l'ancienne administration et des membres de leur famille ".
09.08.94 : Dans un mémorandum que les Réfugiés Rwandais en République Unie Tanzanie (camps de Benako et Lumasi) ont adressé au
Secrétaire Général da lONU le 09 août 94, nous lisons (pp. 2-4): " Pendant que l'opinion internationale se leurre sur les vrais
auteurs du génocide au Rwanda, le FPR, maître en la matière depuis son agression du pays en octobre 1990, continue à faire de
massacres et est visiblement résolu à exterminer l'ethnie Hutu, sans épargner les Tutsi modérés, notamment ceux qui n'ont jamais
épousé ses idées machiavéliques
" En effet, qui oubliera de si tôt les tueries atroces et sélectives perpétrées dès les premières heures de la guerre par les
troupes du FPR sur les populations civiles innocentes dans les Préfectures de Byumba, Ruhengeri, Kiyombe, Cyumba, Kivuye et autres
lieux où plus de cinquante mille âmes innocentes ont succombé? Qui oubliera de si tôt la date fatidique du 08 février 1993 où des
centaines de milliers de civils innocents ont été rassemblés et brulés vifs dans les lieux de culte, écoles et camps de déplacés de
guerre, notamment à Kinihira, Ruhangari, Nyagahuta, Rwebare, Buhambira, Miyove et autres? Qui oubliera de si tôt les massacres de
Kirambo, Bwisige, Kinihira et Mutura pendant les moments forts de la mise en œuvre des Accords d'Arusha?... ".
" Pour qui voudrait se rendre à l'évidence nous l'invitons à visiter avec intérêt les lieux d'exécutions sommaires dont les
principaux sont les suivants, rien qu'en Préfectures Byumba et Kibungo : Ryabega et Nyabwishongenzi en commune Ngarama ; Gihengeri
et Nyagahanga en commune Bwisige ; Bugarura en Commune Muhura; Kabarore et Gabiro en commune Gituza; Gakoni, Rwankuba et Kiziguro
en commune Murambi ; Rutare - centre en commune Rutare ; Rwesero en commune Giti ; Ryamanyoni, Karambi et Lac Muhazi en commune
Rukara ; Rwinkwavu en commune Kayonza; Kabarondo -- centre en commune Kabarondo ; Kabare II et Kamarashavu en commune Kigarama;
Mutenderi et Karenge en commune Birenga; Nyamugari, Nyarubuye, Musaza, Kiyansi, chutes Rusumo et tous les points d'accostage de la
rivière Akagera en commune Rusumo; Murama et Gitwe en commune Rukira etc.… "
" Et pour lui éviter la peine de sillonner toutes les collines où le FPR s'est illustré à éventrer les femmes enceintes, tuer
les enfants et vieillards, nous le référons à la liste, loin d'être exhaustive bien sûr, annexée au présent document et qui reprend
quelques noms de certaines personnes parmi des centaines de milliers sauvagement tuées par le FPR et ce rien qu'à partir du 06 avril
1994(l). S'il fallait d'autres preuves supplémentaires, les trois évêques catholiques Hutu froidement massacrés par le FPR qui n'a
pas touché à leurs collègues Tutsi alors qu'ils étaient ensemble,… les cadavres que charrie actuellement la rivière Akagera,.. les
cas de refugiés Hutu tués alors qu'ils répondaient à l'appel au rapatriement ainsi que las témoignages des rescapés, anciens et
nouveaux qui, le HCR en est témoin, même actuellement, continuent d'affluer vers la Tanzanie, le Zaïre et le Burundi, pour ne citer
que ceux-là, constitueraient des données irréfutables et facilement vérifiables. "
" … C'est donc dire que l'appel au rapatriement est loin d'être sincère et bien intentionné d'autant plus que le gouvernement FPR
est en train d'armer systématiquement les populations civiles Tutsi dans le but inavoué de poursuivre le génocide. Et pour preuve,
quelques Hutu téméraires récemment séduits par le discours démagogique du régime FPR sont rentrés et ont été sauvagement massacrés. "
12.08.94: " Le HCR est conscient de la violation des Droits de l'Homme au Rwanda et c'est pourquoi il est désormais opposé
au rapatriement forcé des refugiés : II a fait savoir qu'il n'est pas question d'obliger les refugiés à rentrer et que tout retour
doit se taire à la suite d'une décision personnelle et volontaire. " Le Soir, 12 août 1994. p. 7
Le rapatriement forcé est d'ailleurs une violation flagrante de l'article 33, alinéa 1 de la Convention de Genève du 28 juillet 1951
relative au statut des refugiés ainsi que ses protocoles additionnels.
19.06.94: Un missionnaire rentré de Kigali (Paroisse Mushaki) raconte ce qu'il a vu là-bas :
" …En réalité, le FPR est en train d'éliminer tous ses ennemis, d'une manière plus discrète que les milices des extrémistes hutu;
ils enquêtent sur le passé politique des gens qui sont là et tous ceux (en particulier les élites) qui ont été en faveur du MRND
sont éliminés sans pitié. "
" …On a chaque jour de nouvelles preuves que c'est là une politique systématique, quoique les gens du F.P.R. soignent leur
propagande et se présentent comme des " libérateurs " du pays, comme ceux qui vont faire régner l'ordre après les massacres
aveugles des miliciens … il veut le pouvoir sans partage et, pour cela, l'éliminations de tous ceux qui étaient pour Habyarimana.
Plus habile et plus soucieux de son image à l'étranger, le FPR n'en est pas moins radical : il fait disparaître tous les soutiens
de l'ancien régime."
22.06.94: Dans le Journal Le Monde du 22.08.94, l'envoyé spécial de Radio France International, Jean Hélène, témoigne à
partir du Burundi:
Sur les deux sites de Gitwa et de Murama, au Burundi, on dénombre aujourd'hui, environ 13.000 personnes, toutes arrivées depuis je 8
août. Parmi les refugiés, il y a ceux qui, comme Augustin, petit agriculteur, ont vu les hommes du Front Patriotique Rwandais (FPR)
envahir leur secteur le 13 août, sans chercher à fuir : " Ils ont tout de suite demandé aux hommes de se rassembler au bureau
communal. Mais en y allant, j'ai vu des voisins assis par terre les mains liées derrière le dos et je me suis enfuis. Is ne m'ont
pas tiré dessus. Je sais que les autres ont été tués dans une maison à coups de houe car j'ai entendu des cris, j'ai pris ma famille,
et je suis parti. "
II y a ceux qui comme Léopold, ont cohabité avec le FPR : " on écoutait la radio du FPR qui disait "le mot d'ordre c'est la paix ".
Mais le 14 juillet, ils sont arrivés chez moi au centre de Gahabwa. Ils nous ont réveillés pour nous faire monter dans un pick-up
rouge. Mes parents, mes oncles et tantes ont embarqué. Le chauffeur du véhicule, qui était un ami, m'a fait comprendre qu'il ne
fallait pas y aller, j'ai fait semblant d'aller chercher d'autres personnes et je me suis caché pendant deux ours. Je suis ensuite
passé dans ma maison déserte pour prendre quelques vêtements et j'ai fui. Sur le chemin, j'ai vu trois cadavres, deux hommes et
une fillette ".
" A Gitwa, on rencontre des habitants de Gishamvu, une localité située au Sud de Butare. Ils ont traversé la frontière le 8 août
au matin... " Tous leurs témoignages convergent, contrairement à ceux qui se font l'écho de rumeurs ", dit un responsable
d'organisme humanitaire. Selon eux, le FPR a enfermé des personnes dans quelques maisons avant d'y mettra le feu. Ceux qui
s'échappaient étaient achevés. Quelques jours plus tôt, les exactions ont touché le secteur de Saga, où une centaine da personnes
seraient mortes ainsi. Les observateurs du HCR confirment, en estimant qu'il se produit dans cette région des " exactions pratiques "
perpétrées par les militaires du FPR... Le FPR aurait interdit aux représentants du HCR l'accès à certaines zones où ceux-ci
souhaiteraient enquêter... Les Rwandais se méfient des forces de l'ordre (en majorité tutsies, comme les combattants du FPR) et
quelques sanglantes exactions sont venues confirmer leurs craintes. Le refus de repartir au Rwanda est unanime. Tous ceux qui
retournent sont tués, répète cette épouse de pasteur... Le cas d'Eustache Kubwimana, responsable du Parti Social-démocrate
(PSD. ex-opposition) pour la région de Butare, est plus édifiant. II fait partie de ces Hutus modérés.. Il ne craignait donc
pas le FPR lorsque ses membres sont arrivés, le 7 juillet à Kigembe, et qu'il leur a proposé de collaborer avec eux. Cinq jours
plus tard, il écrit avec d'autres intellectuels de son parti une lettre au responsable du FPR, lui expliquant qu'il serait bon
qu'il prenne une nouvelle initiative pour mettre la population en confiance. Cinq des signataires de cette lettre sont emmenés
au bureau communal le lendemain. Je ne les ai plus revus. Le jour suivant, des " FPR " ramassent plusieurs familles et le soir
personne ne revient. Mes voisins commencent partir. Je suis resté encore vingt-quatre heures et j'ai fini par partir avec ma femme.
Pour Kubwimana, ces exactions peuvent s'expliquer par la méfiance du FPR ... Certains citent quelques cas de Tutsi épargnés par
les miliciens Hutu et que les soldats du FPR auraient tués en disant " Tu es vivant, donc ennemi ".
" Au vu de ces exactions, les responsables du HCR s'inquiètent sérieusement d'un possible raz-de-marée de personnes déplacées,
de la zone humanitaire française vers le Burundi, à trois heures de marche seulement... "
29.09.94 : Dernières informations concernant les assassinats et disparitions imputés aux soldats du FPR :
1)
Gakwaya Venant, alias SOCODE. Homme d'affaire et personnalité sage et intègre bien connu pour son charisme partout dans le pays
surtout à Butane et à Gikongoro. II a abrité au risque de sa vie et de sa famille beaucoup de voisins, menacés par les Interahamwe.
Refugié à Uvira, il venait de regagner son domicile à Butare où il a été enlevé par les soldats du FPR.
2)
Kayibanda J. M. Vianney: Agent de l'Etat et petit frère de Gakwaya Venant. Dès son retour d'exil de Bukavu, il a été enlevé de
son domicile à Kicukiro.
3)
Dr. Kageruka Martin : Gynécologue et professeur à l'UNR. II a été aussi enlevé par les soldats du FPR dès son retour de la Zone
Turquoise.
4)
Nzabonimana Camille : Spécialiste des installations du système solaire, il a été enlevé de son domicile à Butare par les soldats
du FPR.
5)
Dr. Kanyangabo Faustin : Chirurgien et médecin directeur du Centre Hospitalier de Kigali (CHK). II a été torturé et tué par les
soldats du FPR.
6)
Munyangaju Gabriel : Ingénieur Civil, fils de feu Munyangaju Aloys, fondateur de I'APPROSOMA. II a été torturé et tué par les
soldais du FPR.
7)
Iyakaremye Damien : Professeur à I'UNR. Torturé et exécuté par les soldats du FPR.
8)
Dr. Kayihigi Joseph : Médecin interniste attaché à la BNR. II a été tué avec son fils Jules par les soldats du FPR dès son
retour de la Zone Turquoise.
9)
Ndorimana François : Homme d'affaire représentant du film Samsung à Kigali. II a été enlevé par les soldats du FPR à Kigali.
10)
Sibomana Antoine : Licencié en lettres et bourgmestre de la Commune Mbazi en préfecture de Butare. Beaucoup da témoignages
avaient confirmé sa fermeté contre les Interahamwe dans sa commune. II a été torturé et tué par le FPR.
11)
Abbé Sekamena Denis : Recteur du Petit Séminaire de Karubanda en diocèse de Butare. Il a été tué par le FPR.
B. VIOLATION DU DROIT A LA PROPRIETE, ET
DU DROIT A LA LIBERTE D'OPINION ET D'EXPRESSION
Au Rwanda, les biens des particuliers sont confisqués arbitrairement (violation du droit de propriété : article 17 de la
Déclaration universelle des Droits de l'Homme.)
" Autre inquiétude des organismes internationaux en place à Kigali, les procédures d'expropriation accélérée des maisons et des
commerces…..par le FPR, qui font douter de ses bonnes intentions. Les refugiés du Burundi et d'Ouganda, qui affluent au volant de
grosses limousines, se sont déjà fait attribuer, pour des sommes modiques, de somptueuses résidences, sous prétexte " qu'elles
appartenaient à des miliciens qui sont morts ou ne reviendront pas ". Libération, 25 juillet 94 p. 4.
Les partis politiques, la presse et les associations sont suspendus (violation des articles 19 et 20 de la Déclaration
Universelle des Droits de l'Homme sur la liberté d'opinion et d'expression).
Le 25/7/94, dans un entretien de la Délégation du PTB avec Alexis Kanyarengwe et Denis Polisi, respectivement président et deuxième
vice-président du FPR Alexis Kanyarengwe a déclaré :
" L'activité politique (de tous les partis politiques) sera sursois. Seul le gouvernement agira, pas les partis. La politique sera
déterminée par l'action juridique, la reconstruction économique et la formation des fonctionnaires. Après 5 ans, tout sera
reconstruit. Au Rwanda la pauvreté est trop grande pour permettre des partis politiques " Et Denis Polisi de le compléter :
" Tous les partis politiques (et vous l'avez entendu, tous les partis, aussi le FPR) devront arrêter leurs actions puisqu'en
Afrique elles peuvent facilement dégénérer en politiques politiciennes.. "
(Adieu la Démocratie au Rwanda!)
L'opinion se souviendrait qu'en reprenant la guerre en janvier 1991 le FPR avait pourtant déclaré qu'il voulait apporter la
démocratie au peuple brimé par plus de trente ans de dictature et de tyrannie ! Et voilà, une fois arrivé au pouvoir le FPR montre
ce qu'il entend par démocratie : suppression des partis politiques, enlèvement et exécutions sommaires sans procès et sans bruits,
grâce à la méthode " screening ".
Quoi qu'il en soit, devant tous ces témoignages accablants sur les violations des Droits de l'homme au Rwanda, il n'est pas
normal que la Communauté internationale fasse confiance en un seul interlocuteur. C'est pourquoi la FRDH lance un appel pathétique
à la Communauté internationale pour qu'une Commission internationale d'enquête sur les violations des droits de l'homme soit envoyée
au Rwanda dans les plus brefs délais. Cette Commission ne remplacerait pas le tribunal international tant attendu, mais aurait son
importance de dissuader les tueurs d'aujourd'hui. L'expérience montre que les travaux des commissions de ce genre constituent un
remarquable instrument de dissuasion à l'égard des tueurs. C'est le cas par exemple du Rapport de mission au Rwanda de la Commission
Justice et Paix an février 1992, et surtout de celui de la Commission Internationale d'enquête sur les violations des Droits de
l'Homme au Rwanda depuis le 1er octobre 1990, réalisé entre le 07 et le 21 janvier 1993. Même si les tueries ne se sont pas
arrêtées, elles avaient diminué d'intensité grâce à ces deux Rapports.
Aujourd'hui, en attendant qu'un tribunal international soit mis en place, un tribunal qui ne fera d'ailleurs pas le travail des
défenseurs des Droits de l'Homme, il est très urgent que la lumière soit faite sur les violations des Droits de 'homme au Rwanda
depuis le 06 avril 1994 jusqu'aujourd'hui. Cela pourrait dissuader le régime FPR et ses soldats qui semblent croire que la
Communauté internationale continuera à se laisser bercer et fermer les yeux devant les massacres des populations civiles,
même avec des méthodes plus discrètes et sélectives.
Une telle commission pourrait par un travail objectif et impartial, rassurer les refugiés qui aimeraient bien rentrer au Rwanda,
mais qui craignent avec raison les représailles des soldats du FPR. Elle faciliterait aussi le travail du futur tribunal
international qui, espérons-le, jugera tous les responsables des massacres dans tout le pays et non dans une
seule zone. La vie humaine est sacrée en tout lieu et en toute circonstance. Elle doit être protégée à tout prix, et le Droit
International Humanitaire qui la défend en cas de conflits armés doit être scrupuleusement respecté.
LES IDEES QUI FONT REFLECHIR
1)
Roland Sage, ancien coopérant au Rwanda : " le peuple rwandais est vendu par l'ensemble des nations, y compris l'ONU, à une
équipe d'assoiffés du pouvoir, le Front patriotique rwandais (FPR), qui n'aurait aucune chance s'il y avait des élections libres. "
Le Parisien du 31 mai 94.
2)
Pierre Erny, "il est tout à fait illusoire de penser qu'après une victoire militaire un gouvernement d'inspiration FPR pourrait
gouverner autrement que par la force la plus brutale ". La Croix, juin 1994.
3)
" On ne peut pas à la fois respecter et soutenir le comportement des Gandhi, Luther King et autres d'un côté et faire de la
publicité d'un mouvement qui ne veut rien d'autre que continuer la guerre. Tout se passe comma si les balles du FPR ne tuaient pas.
Le FPR ne massacre pas des innocents. II purge la population des éléments qui lui sont hostiles... "
" Le FPR n'est pas le messager envoyé du ciel pour faire naître la démocratie au Rwanda. C'est une rébellion armée, enivrée par
sa puissance militaire et sa force médiatique (son pouvoir et sa facilité faire passer sa version des faits), un mouvement dont les
revendications, au départ légitimes, sont devenues trop ambitieuses et trop vicieuses pour être acceptées par un peuple qui ne
redoute que trop de spectre d'un pouvoir féodal tutsi… Et pour le moment, ce peuple n'est pas prêt à accepter le FPR comme décideur
principal da la vie politique du pays. Ceci est un fait quoi que puissent dire les médias occidentaux et malgré les récits
passionnément pro FPR. " Africa International. N° 274, juillet-août 1994. p. 62
4)
Laurien Ntezimana : " le régime Habyarimana était un régime d'Akazu. Le régime du FPR est un régime d'un CLUB. Dans les deux
cas, celui qui n'est pas là-dedans, qui n'est pas d'accord avec le système et qui pense autrement est considéré comme ennemi ".
Emission Hebdo de la RTBF du 25/09/94.
5)
Le parti qui a gagné ne peut pas être le seul arbitre et juge de la responsabilité du parti qui a perdu la guerre. Car la
victoire ne veut pas nécessairement dire la justice ! Que veut dire un parti qui a gagné la guerre pour combattre les abus
d'un parti….et qui, après la victoire, s'adjuge 5 ans de dictature ? Nous savons qu'en Afrique, toutes les dictatures, depuis
Sekou Toure jusque Habyarimana, se sont d'abord donné 5 ans avant les élections libres ! Que se serait-il passé à la fin de la
guerre mondiale 1940-1945 si l'on avait laissé la Russie, la France et l'Angleterre être les seuls juges des nazis? Je crois que
presque toute l'élite allemande aurait été exécutée. Il a fallu que les américains, moins passionnés dans cette affaire, prennent
en main le fameux tribunal de Nuremberg. Cela a atténué la vengeance viscérale et rendu possible la réconciliation des ennemis
d'hier. Nous demandons aux grandes puissances d'aujourd'hui de rendre possible la rencontre rapide entre les rwandais, comme
nous disons aux rwandais eux-mêmes qu'il est plus humain de pardonner que de se venger ".
Extrait du massage de Mgr. Munzihirwa Christophe, Archevêque de Bukavu, le 31 juillet 1994.
(Mgr. Munzihirwa fut assassiné probablement à cause de ses propos. L'assassinat est imputé au FPR.)
Bruxelles, le 30 septembre 1994.
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